Pas de doutes possibles, on a changé de pays. À peine sortie de l’aéroport et une fois franchi le pont qui le sépare du continent, c’est un paysage désespérément urbain qui apparaît à la fenêtre du train. La banlieue résidentielle japonaise. Ici, chaque mètre carré est exploité, pas de place pour des jardins autres que potagers.

Les petites maisons sont serrées les unes contre les autres, quelques mètres à peine les séparent. La notion de vue semble étrangère au banlieusard nippon. Quatre murs, une minuscule cour, juste de quoi parquer une petite voiture et quelques vélos, nombre qui indique à coup sûr les personnes composant la famille. Presque immanquablement, un pin taillé en nuages orne le mètre carré qu’on lui octroie. On comprend alors aisément que l’art du topiaire (voir même du bonsaï) perdure dans ce pays.

Entre ces quartiers, quelques parcelles cultivable, minuscules aussi, soigneusement délimitée par de petits murets. Elles doivent être inondables pour y cultiver le riz. Entre deux cultures de cette céréale, du maraîchage, des choux, des navets. Pas un lopin reste inutilisé, tout est soigneusement planté, bichonné.

Le train poursuit sa route et le paysage défile. Rien n’a visiblement changé en 15 ans. Les mêmes vélos avec porte parapluie sillonnent les rues. Peu de voitures, c’est dimanche. Insensiblement, l'urbanisation se fait de plus en plus dense, les habitations gagnent en étage au fur et à mesure que nous entrons dans Osaka. Durant les 50 kilomètres parcourus, pas un espace non utilisé par l'être humain. Plus de 125 millions de personnes à répartir sur un territoire montagneux à souhait et sujet aux tremblements de terre ne laisse guère de choix.