Voilà une petite semaine que nous sommes devenus de parfaits « homos nipponus urbanus » et que nous arpentons les rues d’Osaka et de Tokyo, tentaculaires cités qui semblent sans fin. Nous parcourons des kilomètres à pied et en train au travers de ces mégapoles, terme qui prend ici tout son sens, sans en apercevoir ne serait-ce le début de la fin. 

Tokyo, 14 millions d’habitants, est une ville organisée en strates successives. En premier lieu, comme partout dans les grandes cités, il y a la ou les couches souterraines où circulent les métros. Rien de bien original si ce n’est le dédale impressionnant de galeries marchandes, véritable cité sous la cité. Chaque gare possède sa propre ville souterraine et on parcourt vite des kilomètres en essayant de repérer parmi le foisonnement d’indications en idéogrammes incompréhensibles, la sortie qui nous ramènera à la deuxième couche, celle des rues et des trottoirs. Pour cela, l’escalier roulant ménage nos jambes fatiguées, toutefois il convient de bien l’utiliser. À droite la file des passants qui se déplacent, à gauche celle des piétons immobiles laissant la mécanique les ramener à la surface ou a contrario les amener sous terre. Règle ici parfaitement respectée et, avouons-le bien agréable à vivre.

Une fois parvenu sur un trottoir, plusieurs choses sautent aux yeux. Tout d’abord, le flot souvent ininterrompu des passants. Rares sont les endroits ou les heures où nous nous retrouvons seuls à marcher dans la rue. En second lieu, cet espace se partage entre piétons et vélos. Il convient donc d’être extrêmement attentif aux coups de sonnettes. Les passages piétons sont aussi impressionnants. Généralement, pas d’alternance selon l’endroit du carrefour que l’on veut traverser. Ici, soit les voitures démarrent ou s’arrêtent au grès des feux les concernant, soit tous les piétons traversent d’un coup. Ici personne n’a l’idée de passer au rouge. Cette marée humaine qui se met en branle de tous les côtés au même moment est spectaculaire mais on s’y habitue très vite et on profite des traversées en diagonale des carrefours évitant ainsi deux attentes aux feux. C’est un mécanique parfaitement orchestrée et nonobstant la gêne occasionnée par quelques touristes arrêtés en plein milieu pour saisir des images maintes fois vues dans le monde entier (tapez « carrefour Shibuya » dans un moteur de recherche), pas de heurts ni bousculades au seins de cette foule. Je cherche d’ailleurs toujours à comprendre comment c’est possible.

Pour désengorger le traffic, les urbanistes on créé une troisième couche, celle des transports aériens. Il n’est pas rare en pleine ville de rencontrer des autoroutes ou lignes de transports public s’empilant au dessus des rues comme un gigantesque mille-feuille de béton. Si l’effet sur le traffic est indéniablement bénéfique, l’aspect visuel pour le simple piéton que nous sommes est très discutable. La vue fait alors irrémédiablement penser à une ville du futur maintes fois vues dans les BD ou films d’anticipation. Oppressant. 

Un détail distingue néanmoins le traffic nippon de celui des autres mégapoles du monde entier: l’absence de coups de klaxon ! Heureusement car si ces nuisances sonores venaient s’ajouter aux annoncent publicitaires criardes qui agressent continuellement nos tympans, ce serait proprement insupportable.

Heureusement pour survivre, il y a des parcs publics. Pas vraiment nombreux, ils sont par contre relativement grands; le parc central de Tokyo, abritant la résidence de l’empereur, a une surface appréciable de 58 hectares. Véritables havres de paix, on y rencontre des citadins promenant leurs chiens et bien sûr, bien plus que chez nous d’ailleurs car les jeunes vivent souvent chez leurs parents dans des espaces microscopiques, des amoureux qui se bécotent …… sur les bancs publics. 

Ceci dit bécoter n’est pas vraiment le terme. Les japonais sont très réservés. Ils se tiennent juste la main.